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Christeen, suite… Retour sur une vie d’esclave
Murée dans son habit de latex, Christeen attendait le verdict avec angoisse et résignation. C’est elle qui avait ouvert ce champ des possibles infernaux avec son goût immodéré pour un masochisme tellement intense qu’il ne pouvait trouver sa consécration que dans la douleur suprême et l’anéantissement final. C’est elle qui depuis vingt ans avait appris à jouer avec ses limites, à les transgresser sans cesse pour se rapprocher du moment où sa vie lui échapperait dans un orgasme aussi intense que destructeur. Ce jeu fatal elle avait voulu le conduire à l’extrême dans cette dramaturgie dont en ce moment précis elle allait connaitre le scénario détaillé.
Les images de sa vie de jeune femme brillante transformée de son plein gré en chemin de croix masochiste, où chaque étape mûrement réfléchie et consentie scellait un peu plus sa descente dans la dégradation, revenait à toute vitesse dans son cerveau enfiévré. Elle se souvenait de chaque étape, les plus anodines comme son premier ciré noir au lycée qui attirait les regards des garçons et les attouchements hâtifs, vêtement fétiche dont l’attraction ne l’a jamais quitté. Elle revoyait les moments les plus intenses comme ses premiers piercings et tatouages, les plus violents comme cette séance de fouet où elle perdit connaissance pour le première fois, les plus sordides quand elle sentit son sphincter ne plus résister à la pression de son premier lavement public et où elle du continuer à marcher dans la rue en subissant l’humiliation de cet abandon qui envahissait son pantalon de vinyl et ses cuissardes de caoutchouc prévues pour la circonstance par son maître attentif et prévoyant . Elle avait aimé, ce jour-là, ces cuissardes peu seyantes mais dont l’étanchéité l’avait préservé d’une humiliation encore plus grande que le bruit qu’elle faisait en marchant…
Chaque étape était suivie d’une autre, plus intense, plus sauvagement jouissive, où les codes sociaux se dissolvaient dans une transgression voulue et assumée. Elle participait à chaque fois aux scénarios, poussant son maître à aller plus loin, plus intensément comme ce jour où elle avait souhaité subir l’expérience de la pendaison à un arbre en forêt. Il avait accepté cette demande sans en connaitre les finalités profondes. Un jeu de plus.
Chaque instant de cette journée lui revenait maintenant. C’était il y a trois ans. Son désir de destruction se rapprochait, s’intensifiait. Elle souhaitait connaître ses limites, ou son absence de limites. Ils avaient donc décidé de partir dans la nuit pour la forêt, choisissant un coin isolé où il fallait marcher une demi-heure pour être à l’abri des regards. Arrivés au parking, il lui avait demandé de se mettre nue sous son ciré long, sévèrement ceinturé, boutonné jusqu’aux chevilles pour entraver sa marche , puis il lui avait mis une cagoule de latex qui laissait à peine filtrer la lumière du jour naissant et entrevoir le chemin. Elle avait mis également des bouchons d’oreille très efficaces qui la coupait complétement des sons ambiants, encore un de ses trouvailles pour parfaire son isolement. Elle était pieds nus dans le matin glacé. Il lui avait menotté les poignets dans le dos et attaché également les coudes. Elle marchait devant lui, devinant le chemin encore obscur, glissant sur les souches mouillées par la pluie à chaque pas, n’évitant ni la boue ni les flaques, ni les pierres acérées du chemin. Ses bras captifs ne la protégeaient pas quand elle trébuchait ou glissait. L’inévitable devait se produire, elle glissa, ne pu se retenir et tomba sur le côté dans un fossé rempli d’eau et de feuilles mortes qui amortirent sa chute. Elle ne pouvait se dégager, sentant l’eau glacée l’attirer, suffoquant dans la cagoule. Lui restait impassible, silencieux, contemplant ce corps se battre pour éviter la noyade. Il ne bougeait pas, sauf quand il sentit son énergie se dissoudre tant elle se débattait. Il la tira du fossé, sans un mot, l’aida à se remettre debout, la poussa à reprendre sa marche vers son supplice. Le chemin fut long, elle tomba à nouveau avant d’arriver, épuisée, jusqu’à la clairière qu’ils avaient repéré lors de leurs promenades enlatexées. Il y avait un tas de rondins de bois fraichement coupés, qu’il assemblât en une sorte d’estrade instable de 50 centimètres de haut. Puis il accrocha au-dessus de cet échafaud de fortune, la corde à une branche haute, fit coulisser le nœud qu’il avait préparé et qu’elle avait contrôlé avec le soin méticuleux qui présidait à chacune de leurs scènes. Il lui passa le nœud coulant autour du cou qu’elle lui tendait. Il sortit de son sac un masque à gaz muni d’un sac de respiration volumineux et lui mit par-dessus la cagoule, restreignant encore sa respiration comme elle lui avait demandé. Ils n’échangeaient aucun mot. Il savait ce qu’elle voulait, tenter l’extrême, elle pouvait lui faire confiance. Malhabilement, elle avança vers le tas de rondin, les pieds glacés et écorchés. il l’aida à trouver son équilibre, la soutenant jusqu’au moment où elle put se tenir droite en équilibre instable sur le tas de bois. Puis il tendit la corde jusqu’à ce que le nœud se resserre autour de son cou gracile et l’attacha solidement à une branche basse. Il revint vers elle pour resserrer le bouchon d’admission d’air du masque presque complétement. Il dut se rapprocher pour qu’elle l’entende lui dire fortement : « Es-tu prête ? ». Elle hocha de la tête. « Alors quand tu veux, je te laisse ! » puis il s’écarta. Il contemplait à quelques mètres le spectacle, cette esclave courageuse, serrée dans son ciré noir, avec ce masque à gaz et cette corde tendue, luttant pour conserver son équilibre sur les rondins humides. Le temps s’était arrêté dans ce spectacle intense qu’elle imaginait parfaitement à l’intérieur de son masque, elle qui adorait les mises en scène soignées, surtout celle de son exécution simulée dans le moindre détail pour en accentuer le réalisme jusqu’à ce qu’elle devienne bien réelle. Chaque seconde elle sentait son équilibre lui échapper. Elle tenait debout avec une arrogante opiniâtreté, pour lui montrer son énergie, son courage, sa détermination, pour provoquer l’érection qu’elle lui devait et qu’elle imaginait à quelques pas d’elle. Mais au fond était-il déjà plus loin, trop loin pour la secourir. Peut-être ce jour-ci avait-il compris. Elle ne rêvait que d’une chose, qu’il ne courut pas à son secours et qu’il la laisse souffrir à cet arbre comme elle le lui avait demandé sans lui dire que son dessein secret était bien cette fois d’y mourir.
Mais dans leurs jeux le désir intense était toujours présent. Elle n’avait plus de limites depuis longtemps. Il pressentait qu’un jour elle lui demanderait l’inacceptable. Elle pensait à ce moment-là, il y a trois ans déjà, que cet instant était venu et sentait son corps défaillir alors que surgissait en elle l’orgasme dont elle rêvait depuis si longtemps, le dernier, le plus intense, le plus définitif, son œuvre d’art. C’est alors qu’elle déclencha à distance les puissants vibreurs qu’elle avait enfoui le matin même dans son vagin et dans son rectum sans lui dire. L’onde de plaisir montait de ses orifices si souvent ravagés. C’est alors qu’elle se tendit, repoussant d’un geste brutal le rondin qui la soutenait pour se retrouver sans appui et laisser la corde faire son œuvre ravageuse. Elle se mit à osciller, les pieds dans le vide, la peur au ventre, le plaisir l’envahissant, attirée par le vide immense de son orgasme, respirant à travers le masque de plus en plus péniblement par petits coups, la pression exercée par la corde s’accroissant graduellement. Pour allonger la souffrance, elle avait choisi de serrer très fortement le nœud coulant qui sous son poids se resserrait inexorablement mais lentement. Le temps lui échappait, elle se voyait flotter dans le vide, dans le noir et le silence absolus, perdant petit à petit la capacité de respirer. Elle ne savait plus où elle était, s’il était toujours à ses côtés, elle souhaitait seulement qu’il puisse la voir et mesurer l’étendue de sa détermination. Elle jouissait continûment. C’était bien ainsi, peu importait le futur immédiat. Elle ne sentit même pas quand des bras sont venus lui soutenir les jambes, allégeant le poids sur la corde et lui donnant la possibilité, même infime, de respirer. Elle eut la force de lui crier sous le masque « Non, je veux aller au bout ! ». Alors il la lâcha brutalement, créant une tension qui resserra soudain le nœud. Cette fois elle sentit clairement la vie lui échapper. C‘était bien ainsi. Elle l’avait toujours voulu. Elle belle dans son ciré noir dont elle savait qu’il l’excitait à chaque fois. Encore jeune et désirable. Elle le remerciait d’en être sinon l’instigateur, mais au moins la main qui guidait ses derniers instants. Et puis elle se sentit à nouveau soulevée, dans un brouillard total qui noyait ses pensées, lui enlevant toute lucidité, les vibreurs continuant leur travail. Elle inhala fortement le peu d’air qui lui restait, un air frais, sentant la pluie et le sous-bois. Il la relâcha à nouveau. Cette fois sous le choc elle perdit connaissance.
Trois ans plus tard, seule sur la scène, attendant la sentence qui allait sceller définitivement cette fois son sort, ces images lui revenaient dans les moindres détails, les odeurs surtout, et cette douleur à la cheville quand elle avait glissé dans le fossé. Elle se souvenait s’être retrouvée couchée dans l’herbe, revenir doucement à la vie. Il soufflait de l’oxygène dans le masque, la revigorant rapidement, mais elle ressentait des douleurs partout, à la nuque, aux épaules, au sexe. Une vraie souffrance omniprésente qu’elle recherchait à chaque étape et qui mettait parfois des semaines à se dissiper après els séances les plus violentes. Il s’approcha d’elle en lui prenant la main sans un mot. Elle lui dit, dans un chuchotement, qu’il eut du mal à percevoir à travers le masque : « je ne te remercie pas ».
Tout ceci était devenu courant, alors que se rapprochait le terme de son contrat. Ce moment-là était venu, aussi redouté que désiré. Dans sa mémoire chaque étape se transformait, des d’images isolées devenaient un film continu.
Elle avait aimé ce jour d’automne où nue sous son ciré et avec ses cuissardes vernies elle avait été offerte toute la nuit par son maître aux chauffeurs routiers qui n’en revenait pas de cette aubaine. Il l’avait laissé avec un mode d’emploi attachée par une chaîne aux anneaux de son sexe et que découvrait ses clients en écartant les pans du ciré pour la pénétrer. « Je suis Christeen, esclave, salope, pute, défoncez moi et urinez moi dessus, c’est gratuit et je le fais de mon plein gré ». Ruisselante sous la pluie, ses cheveux dégoulinants, elle montait à l’arrière des cabines des camions pour offrir gratuitement son corps, sa bouche, son vagin, son anus, aux pénétrations les plus intenses. Elle était aussi meurtrie aux seins, giflée par ces hommes qui la malaxait sans pitié. Mais le pire fut cette camionneuse lesbienne, qui lui ficha un gode électrifié dans le vagin pour la faire hurler de douleur. Le matin il était venu la chercher sur ce parking, salie, dégoulinante, meurtrie. Elle se souvenait avoir été soulagée par son arrivée tant son épuisement était grand. Mais elle dut déchanter. Il l’a fit asseoir sur un banc reculé, et sortit de son sac une tondeuse électrique et un rasoir. Elle comprit. Elle se laissa tondre sa belle chevelure et lisser le crâne avec le rasoir. Quand ce fut fini, elle ajouta en le regardant crânement «les sourcils aussi ! ». Trop content, il s’exécuta puis écrivit avec un feutre indélébile sur l’espace ainsi libéré « Pute et fière » puis la reconduisait à la voiture pour la ramener chez elle retrouver des forces. Elle lui dit dans la voiture « un jour tu me tatoueras le crâne, et tu me vendras à un marchand d’esclave, je le désire de toute mon âme ». Il avait toujours refusé. Mais elle fut de nouveau fréquemment prostituée à sa demande le long des routes, dans les bois, dans la baraques de chantier. Elle prit goût à être rasée à chacun de ces occasions. Elle était abandonnée par son maître le soir, et récupérée le matin, sans surveillance. Elle savait qu’elle pouvait en mourir. Elle le désirait à chaque fois.
Et puis, il y a deux ans, elle avait souhaité connaitre la douleur la plus intense de son existence d’esclave. Il la confia pour une semaine à un proxénète notoire pour son sadisme dans sa pratique du redressement des filles indociles. Mais elle n’avait pas, cette fois, les clefs de ses tortures. Il ne savait pas qu’elle venait de son plein gré. Il pensait qu’elle devait être punie pour avoir trahi son maquereau en le dénonçant à la police. Alors elle subit le fouet, chaque jour, la cravache qui laissait des traces rougeoyantes sur se peau lisse, les pinces sur le clitoris et les pointes des seins, les nuits attachées nues par de lourdes chaînes dans les caves humides. Elle ne cédait jamais, refusant de promettre qu’elle ne recommencerait pas. Elle cru vraiment qu’il ne la laissera pas sortir vivante, surtout ce jour où il l’a fait pénétrer par plusieurs chiens loups agressifs qui lui déchirèrent le dos avec leurs griffes. Mais rendu furieux par son absence totale de repentir, le bourreau improvisa une scène où attachée sur une chaise métallique, les pieds dans l’eau glacée, elle fut torturée à l’électricité jusqu’à perdre conscience. Le 7e jour fut le plus terrible. Il était décidé à en finir avec elle. Il la fouetta avec une cravache faite avec une canne à pêche en fibre de carbone. Chaque coup faisait une marque sanglante. Il l’a frappa à plusieurs reprises sur le clitoris, lui faisant perdre connaissance, et la gifla avec des gants métalliques pour la ranimer. Pour finir, il l’a fit sa coucher sur le sol de la cave, humide et sale, lui attacha les poignets et les mains dans des anneaux métalliques rivés dans le sol et lui jeta sur le corps les déjections de porcs venues de la ferme voisine. Après cinq heures de ce traitement, elle a toujours refusé d’avouer le forfait qui lui était reproché, et pour cause. Toutes ces tortures étaient transmises en direct en vidéo à son maître qui était en communication avec le bourreau. Alors que la fin de son contrat approchait, il l’a fit asseoir après l’avoir nettoyée au jet sur une chaise métallique couverte de clous où elle dut mettre les mains à plat sur un établi en bois. Là des anneaux métalliques emprisonnèrent son poignet, mais également chaque doigt. Il lui mis une cagoule de latex sans ouverture et entreprit de casser méticuleusement son auriculaire droit, puis l’auriculaire gauche, avec un maillet en bois. Son maître qui observait la scène ne direct lui fit savoir que deux doigts brisés suffiraient comme leçon pour cette fois. Prisonnière de la cagoule de latex, sans pouvoir respirer, elle hurla de douleur à chaque coup… et perdit à nouveau connaissance avant d’être réveillée par un seau d’eau glacée… Alors le bourreau excédé lui dit « Parle où je te coupe le doigt »… Elle répondit fièrement : « Fais le ». Mais le bourreau se ravisa, appela la maître qui ne lui donna pas l’autorisation.
Quelques heures plus tard elle était dans sa voiture, transie, blessée, anéantie et heureuse. Quelques jours de soin, une attelle pendant trois semaines sur les deux doigts fracturés, et tout rentra dans l’ordre naturel des choses. Mais elle sentait que son attraction pour la souffrance la mettait de plus en plus en danger. Elle n’avait jamais autant senti le contrôle de la situation lui échapper. La violence froide sans passion érotique de son bourreau l’avait glacée. C’était donc cela souffrir, vraiment sans autre but que de subir cette force violente et aveugle dont la race humaine est capable. Cela n’avait plus rien à voir avec le SM pratiqué par son maître et ses amis, esthétique et raffiné. C’est alors qu’elle développa son projet de scénarios. Elle souhaitait une perte absolue de contrôle sur son destin. Elle voulait connaître cette authentique souffrance, extrême, puis attendre sans en connaître la date son exécution, logique, clinique, froide, qui ne ferait même pas plaisir à ses bourreaux. Elle trouvait l’idée belle. N’être qu’une proie sans valeur dont la vie serait sacrifiée sans but, mettent un terme au fonctionnement de sa puce GPS pour envoyer le dernier signal. End of game, Christeen. C’est ce qu’elle souhaitait ardemment, plus que jamais, du fond de son sexe et de son âme.
Dans son attente, elle sentait la chaleur l’envahir par grandes bouffées qui se heurtaient à la muraille étanche du latex et faisaient couler dans son dos les gouttes de sueur qu’elle avait appris à connaitre au cours de sa longue initiation. Elle ne pouvait s’y résoudre, elle ne s’en lassait jamais. Chaque nouvelle séance était un recommencement qui puisait dans son énergie inflexible. Elle souhaitait alors que cela continue, quelques temps encore, jusqu’au moment où trop dégradée elle solliciterait le moment fatal. Elle ne savait pas quel scénario elle choisirait par elle-même. Elle redoutait au fond une sentence trop rapide mais elle rêvait d’explorer cette chaise électrique qu’elle avait déjà essayée mais cette fois dans ses capacités les plus extrêmes. Elle voulait tout. Ses expériences de prostitution lui avait plu. Au fond elle aimait ces étreintes sans espoir, cette brutalité sauvage et anonyme, car elle conservait le pouvoir. C’est pourquoi l’idée d’être amputée lui était venue, rééquilibrant en quelque sorte par cet handicap librement consenti son sentiment de puissance. Elle se voyait bien, au fond d’un bouge asiatique, pendue, amputée des bras et des jambes, les yeux définitivement privés de lumière, le crâne pour toujours lisse, la bouche édentée, ne gardant que ses orifices pour exercer son pouvoir de séduction jusqu’au moment où des clients ivres l’empaleraient, pendue au bout d’une corde sur un pieu d’acier électrifié qui la transpercerait très lentement dans cet orgasme final qu’elle recherchait. Elle aurait aimé être progressivement réduite à cet état. Les mains d’abord, puis le bras droit, le gauche, la jambe droite… A chaque fois son amputation aurait été mise aux enchères et le client le plus riche aurait eu le droit d’actionner la guillotine spécialement conçue pour elle. Chaque amputation partielle aurait été suivie d’une période de soin pour éviter qu’elle ne succombe prématurément à une septicémie ou à la gangrène avant qu’elle ne retrouve sa fonction de trou à plaisirs. La crevaison de ses yeux aurait fait l’objet d’une enchère spéciale, comme l’arrachage de la langue et de chacune de ses dents… A terme elle aurait tout vendu de son corps. Mais elle avait oublié d’écrire ce scénario-là, gore, ahurissant, absurde, mais tellement surréaliste qui soudain la faisait frémir d’angoisse et de désir d’être exhibée ainsi tronçonnée dans un bordel sordide… Elle aurait aimé cette issue-là dans son extase masochiste.
Une voix la sortit de ses cauchemars… C’était celle de Karen, son bourreau zélé et adoré. Elle sentit renaître dans son ventre ce vide de l’angoisse et ce bourdonnement sourd du désir. Cette fois, elle était au pied du mur des supplices. Cette fois elle allait perdre le contrôle et enfin en mourir dans d’atroces souffrances. Cette fois elle retrouvait la vraie liberté, celle de s’avilir volontairement et d’en perdre la vie. Qu’elle avait aimé ces vingt années de souffrances, mais qui était trop contenue, trop chic, trop consentie et préparée. Elle allait enfin connaitre quelques jours, quelques mois, quelques années peut-être de souffrance brute avant d’en être anéantie. Fuck this whore to death était bien définitivement son programme.
« This whore, voici le scénario que nous avons choisi pour ta fin programmée conformément à ton désir »